LE CHICON : Une chicorée endive (Cichorium intybus) déclinée dans toute sa belgitude

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Photo : Racines de chicon prêtes pour l'ensilage  (Copyright: les Jardins de Pomone)

 

 

 

Nouvelle expérience pour les Jardins de Pomone en 2007. Cet hiver, Anne et moi produirons nos propres chicons. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’on aime pas les « hydroponiques », ni les variétés issues d’une sélection intensive dont la principale caractéristique est d’avoir perdu toute amertume naturelle, c’est  à dire … le vrai goût du chicon. Cette amertume, bien utilisée, est ce qu’il y a de plus valable dans ce gros bourgeon de légume, tant sur le plan gastronomique que sur celui de la diététique. Pourriez-vous imaginer un succulent Faisan à la brabançonne garni avec des chicons totalement dépourvus de leur bon goût sauvage naturel ? Faut quand-même pas lâcher la proie pour l’ombre ! Si on les laisse faire sans résister, les distributeurs de légumes « agrotechnologiques » nous feront manger de la roquette au goût de fraise, ou des brocolis saveur ketchup en nous faisant croire que c’est meilleur.

 

Mais revenons à nos chicons !  Les vrais …

 

Dès la fin mars, nous avons semé nos graines dans un sol limoneux, mais bien humifère. La variété que nous avons choisie est le « Mechelse vroege ».  Pour nos amis français – N’est-ce pas Lalita ! Je ne sais pas pourquoi je pense d’abord à toi ! – cela se traduit du flamand en endive Witloof « Hâtive de Malines ». Cette variété produit des chicons assez volumineux, bien denses et de forme plutôt  allongée.Les rangs de semis sont espacés d’une trentaine de centimètres. Au fur et à mesure de leur croissance (+/- 8 mois), il faut éclaircir les plants à 10 cm au moins, afin de favoriser le développement bien en profondeur des racines.

 

A la mi-novembre, donc exactement en cette saison, on pratique l’opération d’arrachage, c’est-à-dire déterrer les longues racines (à la fourche de préférence).

 

Ensuite, avec un grand couteau bien tranchant, on élimine le feuillage en coupant à 3 cm du collet (au maximum). Puis on tranche la pointe principale de chaque racine à une hauteur telle que la section reste inférieure à 2 cm de diamètre. (Il faut couper aussi les racines secondaires.)

 

Les racines ainsi apprêtées sont alors stockées en cave jusqu’au mois de décembre.

 

Début décembre, nous procéderons à l’ensilage (= la mise en silo) des racines dans une fosse creusée dans notre serre. Celles-ci sont placées bien droites, l’une à côté de l’autre, comme un régiment de petits soldats au garde-à-vous. Lorsque le silo est plein, on le recouvre d’un mélange de bon terrau alourdi avec du sable (1/3 de terreau universel horticole – pas celui pour les géraniums ou les cactus bien sûr ! – et 2/3 de sable du rhin assez gros). On termine avec une bonne couche de paille pour l’isolation, surmontée d’une bâche opaque. Le sol de couverture du silo (épaisseur : 15-20 cm), alourdi par le sable, assurera une pression plus forte sur le bourgeon qui jaillira du collet de la racine au bout de 2 à 3 semaines; le chicon sera alors bien serré et pointu, c’est à dire parfaitement réussi. 

 

Dans cette opération que l’on appelle le forçage, outre la constitution du sol de couverture préconisé ci-dessus, deux autres conditions sont déterminantes. Tout d’abord, il faut maintenir constamment la température du silo entre 14 et 20°C. Ensuite, il faut que toute la culture soit totalement et constamment à l’abri de la lumière, sinon les chicons verdissent en quelques heures … et n’en sont plus ! 

 

Avec tout l’amour qu’Anne met à vouloir faire parfaitement les choses, je suis sûr que, cette année, nos chicons seront merveilleux de forme et de goût, et que j’aurai plaisir à en vous reparler. Je lui demanderai – très poliment, mais avec toute l’insistance requise – de vous communiquer ses meilleures recettes. Quant à moi, je communiquerai mon cahier d’observation à ceux que cela intéresse plus spécialement.

Partager, c'est déjà vivre mieux …

FRUITS DE SAISON : LES NÈFLES

20071112 Nèfles

Les premières gelées nocturnes sévissent actuellement dans la région bruxelloise.

Si vous avez la chance d'avoir un néflier (ou plusieurs) dans votre jardin, ce type de temps est le moment idéal pour en récolter les fruits. Les nèfles ont pratiquement disparu dans le commerce d'aujourd'hui et cela depuis plusieurs dizaines d'années déjà. A tel point que beaucoup de gens n'en connaissent même pas le goût, par ailleurs très spécial.

Anne et moi en avons récolté aujourd'hui, avec la joie de deux grands enfants qui pensent déjà aux délicieuses gelées et chutneys originaux que ces fruits nous permettront de préparer bientôt.

Comme les nèfles se consomment blettes ("pourries', dirait notre fille !), il faudra encore attendre environ un mois avant de les utiliser en cuisine, en les laissant mûrir dans un endroit frais et aéré à l'abri du gel. Elles pourront donc accompagner certains mets de nos repas des fêtes de fin d'année.

José 

20071112  3 Nèfles

ARROCHE (Atriplex hortensis Linné) (Chénopodiacées)

 

2007 05 20 016_Arroche rouge redimensionne

L'arroche rouge

(Atriplex hortensis Linné)

(Synonymes : Arrode, Belle-Dame, Faux-épinard, Poule-grasse, Érible, Follette …)

 

Comme beaucoup de nos légumes, cette plante annuelle semble originaire d’Asie centrale. Les feuilles des arroches sauvages, telles l’arroche étalée et l’arroche hastée, étaient déjà consommées comme légumes dans l’Antiquité par les Grecs et les Romains. Du Moyen-Age à la fin du XIXème siècle, la culture et la consommation de trois variétés horticoles d’arroche étaient considérables. Ces arroches des jardins sont aisément indentifiables à la couleur de leur feuillage : vert pâle, vert foncé ou rouge pourpré. (Notons que l’arroche rouge, qui doit sa couleur à la présence d’anthocyane, perd sa couleur à la cuisson et apparaît donc verte dans les plats.)

Cru (salades) ou cuit (en soupes, braisés, à l’étouffée …), c’est un légume fort sain, de culture facile, revenant depuis peu à la mode. Les vertus de l’arroche sont :  calmante, laxative, et rafraîchissante. Outre sa teneur intéressante en vitamine C et en carotène, l’arroche contient du calcium, du fer, du magnésium et du phosphore. Elle stimule l’épuration du sang et le drainage des reins et de la vessie. Attention ! Contient un peu d’acide oxalique.