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Une photo d'Alexandre Bibaut prise dans les jardins de Pomone

 

La biodiversité : c’est quoi au juste?


Biodiversité ! Tout le monde en parle, et pourtant sa définition reste un peu hasardeuse. C’est un néologisme apparu dès la fin des années ’80 formé par la contraction des termes « diversité
biologique
».

La biodiversité est constituée par l’ensemble des innombrables organismes vivants considérés dans leurs interactions à partir d’un support commun, le sol. Faune, flore, micro-organismes, tout ce qui vit ne se perpétue qu’en associations équilibrées avec une multitude d’autres organismes vivants.

Le sol, support de la biodiversité, est évidemment de nature variable, notamment en fonction des éléments physiques et chimiques présents à un endroit donné. Selon ses caractéristiques locales propres, il constitue un biotope particulier (par exemple : les dunes côtières, le marais, l’alpage, la forêt tropicale, la tourbière …) auquel est lié une biodiversité spécifique.Ce sont ces différents types de biodiversités spécifiques que l’on nomme biocénoses.

L’homme tient évidemment une place dans l’expression globale de vie produite par la biodiversité; il ne saurait vivre harmonieusement et durablement dans la carence ou en
l’absence de cette diversité complexe. Autrement dit, l’homme ne vit pas face à la Nature, mais dans la Nature, et il doit assumer loyalement son lien de vassalité envers elle. C’est la
condition de sa propre survie
. La recherche de développement économique nous a souvent fait perdre le sens de cette loi naturelle fondamentale.

La biodiversité est un legs biologique et culturel de dimension planétaire : elle permet une adaptibilité rapide aux inévitables modifications de l’environnement et garantit notre sécurité
alimentaire à long terme
. Pour les écologistes, elle est «patrimoine de l’humanité ».

 

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"Homo homini lupus" (Plaute, Ansinaria, II) – "L'homme est un loup pour l'homme"


Où en est-on concrètement dans le respect de la biodiversité ?

Un constat simple et rassurant s’impose, surtout en Europe : aujourd’hui, la biodiversité, envisagée sous l’angle de l’alimentation, fait l’objet d’un large consensus citoyen refusant les OGM (ou en tous cas leur banalisation) et soucieux de voir l’indispensable production agricole s’inscrire dans des limites volontaires qui préservent l’équilibre naturel et autorisent le développement durable.


La "révolution verte" : un assaut terroriste de la biodiversité

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’agriculture européenne s’est remodelée très rapidement sur le modèle ultra-performant que les libérateurs américains avaient déjà adopté
outre-Atlantique. Monocultures demesurées, moyens mécaniques titanesques, traitements intensifs des sols à l’aide de la soi-disant miraculeuse «trinité NPK» des engrais chimiques (azote, phosphore, potassium), épandages massifs et pulvérisations répétées d’innombrables pesticides à l’innocuité affirmée mais jamais démontrée. C’est ce modèle impressionnant d’agriculture que l’on a appelé la «Révolution verte»; tout y a été sacrifié au rendement économique et à la production quantitative. Résultat : après seulement deux générations d’agriculteurs adeptes de ces méthodes intensives, bien des terres arables ont vu leur biodiversité durablement anéantie et sont devenues incultes. C’est pourtant au nom du progrès scientifique que ces terres avaient été exploitées de la sorte. Un dicton plein de dépit traduit cet échec ciglant « La terre a enrichi le père pour appauvrir le fils ». Une grande proportion de terres de cultures sont passées de ce fait à la spéculation immobilière.

Ce qui est certain, c’est que la biodiversité a payé et paye encore un tribut insoutenable aux méthodes agricoles initiées par la «Révolution verte». L’essor de cette dernière correspond à une disparition accélérée de très nombreuses espèces vivantes.


OGM : un nouveau péril pour la biodiversité

Le premier légume OGM est apparu dans un laboratoire américain en 1994. C’était une tomate qui se révéla d’un goût si abominable que même les consommateurs américains, pourtant peu experts en saveurs raffinées, n’en ont pas voulu. De fait, la tomate codée « Flavr-SavrMD » (puis plus commercialement « McGregor ») avait été mise au point grâce à un gène de poisson susceptible d’empêcher que le fruit ne puisse ramollir par la dégradation (naturelle) des pectines de ses parois, ce qui en augmentait considérablement la fermeté et la conservation. Les apprentis sorciers qui, au nom du progrès, n’avaient pas pris en compte l’insurmontable goût de métal oxydé qu’elle rendrait à la « dégustation », ont connu une solide déconvenue et un échec financier considérable. Mais, il faut aussi le dire, ils ont réussi
depuis à mieux contrôler ces effets indésirables. Et les Etats-Unis ont fait de la commercialisation croissante de variétés transgéniques un char de combat économique qui part à la conquête de la monde. Nous ne pouvons pas tolérer que cette nouvelle génération de produits agricoles puisse nous être imposée à notre insu où contre notre gré !

En mai 2002, l’association écologiste Greenpeace a publié, à la demande de l’Union européenne, un document démontrant l’impossibilité pratique de faire coexister dans une même région des cultures trangéniques avec d’autres cultures, notamment parce que des contaminations génétiques étaient pratiquement inévitables.

Officiellement, il n’y a pas d’organismes génétiquement modifiés (OGM) cultivés en Europe, hormis le trop fameux maïs transgénique MON810 mis au point par la firme Monsanto. Mais la pression exercée par l’Administration et les milieux d’affaires américains sur l’Union européenne ne cesse de croître, et s’exerce simultanénément sur les plans diplomatique et économique.

Certains affirment que Nicolas Sarkozy, à la recherche de soutien international dans une course vers l’Élysée, a donné officieusement à l’administration Bush et à certains milieux d’affaires américains de solides garanties sur la politique qu’il mènerait sitôt élu en vue de faire lever le fameux moratoire de 1999 qui protège encore le consommateur européen contre l’introduction massive d’OGM dans l’Union. Effectivement, et contre l’avis d’une opinion publique majoritairement défavorable, la résistance des autorités européennes se relâche. Le disposif juridique est défaillant, et l’on peut deviner les futurs points de brèche.

Les OGM inondent déjà le marché européen de l’alimentation animale. Depuis quelques mois déjà, les produits de consommation alimentaire ne sont plus totalement exempt d’OGM.


Biodiversité - La menace pèse
La terre "planifiée" selon Monsanto, Syngenta, Bayer et consorts


Quoi qu’il en soit, remarquons simplement que, sitôt élu à la présidence, Nicolas Sarkozy a nommé au Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, une certaine Christine Lagarde, brillante avocate et femme d’affaires française installée depuis plusieurs années aux États-Unis (Chicago), où elle présidait le comité exécutif du célèbre cabinet international d’avocats
d’affaires Baker&McKenzie, chargé notamment à plusieurs reprises de la défense des intérêts de grandes multinationales productrices d’OGM. Comment ne pas voir dans le «choix» du
nouveau président un gage de sa soumission aux exigences américaines ? Il est vrai que le dérapage électoral d’Alain Juppé à Bordeaux, lors des législatives du mois de juin 2007, a obligé Sarkozy à un remaniement. ministériel un mois seulement après la mise en place de son gouvernement. Si Christine Largarde a perdu ainsi le portefeuille de l’Agriculture, elle s’est aussitôt vu octroyer celui de l’Économie, des Finances et de l’Emploi. Pour complaire aux visées économiques de Washington?

 

Gandhi

Le Mahatma GANDHI : "Il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l'homme, mais pas assez pour assouvir son avidité"


De la perte de biodiversité aux légumes oubliés

Dans un rapport datant de 1998, les experts du FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) estimaient que 75% des variétés végétales qui entraient encore dans notre alimentation au tout début du XXème siècle étaient perdues. Ce qui revient à dire que trois légumes sur quatre ont disparu de nos assiettes en moins de cent ans.

Pour s’en convaincre, il suffit de compter le nombre de fruits et de légumes différents que propose à la vente votre supermarché. Vous constaterez que, toutes espèces et variétés confondues, ce nombre ne s’élève que très exceptionnellement jusqu'à 60, en ce compris des espèces exotiques, tels que les ananas, les bananes, les mangues … et bien d’autres. Quelle commune mesure entre ce chiffre de 60 et les 1200 variétés de salades que l’on pouvait
recenser dans les petits potagers d’avant la seconde guerre mondiale, les centaines de variétés, parfaitement rustiques, de poires, de pommes ou de prunes q ui embaumaient nos vergers, ou encore les plus de 2000 variétés fixées de tomates que perpétuaient certains jardiniers en prélevant et en conservant chaque année les graines avec soin?


Résistons : ensemble, créons des potagers

Depuis peu, dans un courant de réhabilitation de variétés potagères tombées en désuètude, un nombre croissant de personnes s’intéressent à la culture de légumes qualifiés d’«anciens » ou d’ «oubliés ». Des associations ou des entreprises spécialisées, comme « Kokopelli, Semailles, La ferme de Sainte Marthe, Biaugerme, les Graines Baumaux, … étoffent chaque année le choix des semences traditionnelles qu’ils proposent à leurs clients. Et il est donc possible à celui qui possède un petit potager, de cultiver lui-même des variétés de fruits et de légumes intéressants dont la grande distribution c’est totalement désintéressée depuis longtemps.

Pour ceux et celles qui ne disposent pas d’un potager, rappelons qu’un simple balcon permet de cultiver valablement en pots de nombreuses plantes aromatiques et quelques légumes introuvables dans le commerce. Ce type de culture «minimaliste» donne pourtant de bons résultats et peut procurer un réel sentiment de bonheur et de fierté à ceux qui s’y adonnent.

Enfin, pour ceux qui n’ont ni jardin, ni balcon, mais qui sont néanmoins soucieux de ladiversification de leur alimentation, il faut savoir qu’un nombre croissant de petits producteurs locaux vendent directement aux particuliers leurs récoltes de saison . Repérez-les, tentez de vous approvisionnez chez eux. Les prix modérés qu’ils pratiquent s’inscrivent généralement dans un rapport convivial fait de respect mutuel. Quant à la qualité alimentaire de ces ingrédients bio sans labels ni brevets, et à leurs saveurs … mmmh, qui dit mieux ?

Bien chlorophyllement vôtre !

José